Camille, 48 ans, épouse d’un malade alcoolique, maman de deux filles de 13 et 18 ans, salariée,
Je n’ai aucun antécédent familial avec l’alcool.
Mon mari a toujours eu l’alcool « festif ».
Un matin d’automne 2016, son chef de service m’appelle et le renvoie par taxi au domicile : il a mélangé alcool et médicaments sur son lieu de travail.
Le diagnostic médical tombe : il est malade alcoolique. Sa consommation, toujours soigneusement cachée, est devenue quotidienne… la vodka a remplacé le vin. Il annonce sa maladie à l’entourage proche et déclare qu’il va se soigner. Son départ en soin est interminable… je le conduirai moi-même, 6 mois plus tard, à Bénodet pour la poste-cure après le sevrage en clinique.
À son retour, la rechute est quasi-immédiate : désemparée, je débute les réunions Al-anon, les rendez-vous aux Apsyades. Je démarre un suivi psychologique. Je rejoins Cop’MA.
Mon mari alterne travail, arrêts maladie, mi-temps thérapeutiques. Se désengage progressivement de la vie familiale.
Suivront la pandémie de Covid 19 et les confinements successifs… malgré la situation sanitaire, l’alcool est disponible à chaque coin de rue.
À l’été 2021, la conseillère bancaire m’alerte sur un gros découvert du compte personnel de mon mari… du fait d’un compte joint en commun, je risque également l’interdiction bancaire : je dois renflouer la dette.
Rapidement, je me renseigne pour changer de régime matrimonial : malheureusement, établir une séparation de biens a un coût, frais de notaire et droit de partage de 2,5%, sur le patrimoine, en l’occurrence, la maison… je dois renoncer.
J’écrirai ensuite au Procureur de la république pour demander une mesure de protection d’un majeur pour mon mari compte tenu de sa maladie et des dérives qu’elle entraîne : sans certificat médical d’un médecin agréé, la réponse est une fin de non-recevoir.
Il n’est pas violent physiquement à notre égard, cependant les insultes sont courantes et ses chutes fréquentes. À ma demande, suivront une 2e puis une 3e cure… une seconde et une troisième rechute, entrecoupées de nombreux séjours aux urgences.
La psychologue qui suit la plus jeune de nos filles fera un signalement concernant l’attitude de mon mari. Ce qui donne lieu à une enquête du CRIP et une convocation chez la JDE : en conclusion, elle ordonne un bilan psychologique pour ma fille, mon mari et moi-même, un bilan psychiatrique pour mon mari et une AEMO (Action Éducative en Milieu Ouvert).
Depuis 5 années, je porte seule la famille, l’épuisement est là…
C’en est trop : après avoir espéré, en vain, la guérison de mon mari, pour protéger mes filles : je viens de demander le divorce.